Souvenirs souvenirs...
Suite au meurtre de la jeune Sohane brûlée vive à Vitry sur Seine en octobre 2002, nos trois quotidiens de "référence", Libération, Le Monde, et Le Figaro, reviennent ces derniers jours sur le procès des deux accusés, Jamal Derrar dit "Nono" et Tony Rocca son complice.
Quand je lis ces articles des souvenirs du ghetto ressurgissent dans ma tête. Les relations hommes femmes biaisées par le machisme. Les relations entre les insiders et les outsiders dans le quartier où tout le monde s'épie pour savoir qui est du "bon côté" de la frontière. Les rapports qui naissent entre les forts (ceux qui usent de la violence) et les faibles (ceux qui la subisse).
Comprendre aussi que c’est plus le temps que la distance qui sépare les insiders des autres, étrangers au quartier. Des étrangers, enviés, méprisés, qui n'ont aucune envie de pénétrer dans ce territoire perdu de la République. Passer cette frontière invisible qui sépare c'est prendre un aller simple pour le passé.
Mais il reste un élément à prendre en compte. Celui de la non communication entre les membres d'une même famille. Souvent d'origine afro-maghrébine, souvent de confession musulmane, empreintes de fortes traditions, ces familles dont je suis issu, vivent en vase clos. A l'intérieur des F5, très peu d'échanges constructifs. A l'extérieur la peur de tout ce qui a attrait à la modernité. La peur de voir ses enfants succomber aux joies de la société des loisirs : musique, cinéma, fête, filles…la peur aussi de la honte qui pourrait entacher la famille au sein de la communauté.
Pour s'en sortir il est donc important de vouloir s'exiler, s'extirper par tous les moyens de cet environnement malsain. Comment ? toute la question est là. Dans une société figée où la mobilité sociale est morte le problème se pose avec encore plus d’acuité.
N’oublions enfin que seul le travail est
source d’intégration. Le travail rendrait-il donc libre?
Sur un air de NTM : Ma Benz